Le retour du pelè rin
Etranger, hâte-toi, tu vas bientôt revoir
La maison paternelle.
C'est l'heure du horo
Et tu vas déranger les danseurs pour passer.
Les vielles femmes et les enfants te diront:
"Tu es le bienvenu."
Les jeunes filles dansent
Le vendredi d'avant la noce du dimanche.
Mais que t'importe! Un autre a pris ta bien-aimée.
Rassur-toi, pour toi
Il y a d'autres filles.
Après tout, tu n'as pas offensé le bon dieu!
Ta vieille mère sortira de la maison
Pour accueillir son fils,
Pleurante, gémissante:
"Mon enfant est enfin rentré de l'étranger!"
De sa faiblesse elee étreindra ton corps viril,
Et toi - oh! ses vieux os! -
Tu entendras ses plaintes,
Tu comprendras ses mots si simples et ses larmes.
Ecoute, mais surtout ne pleure pas, écoute:
Elle s'est fiancée...
Ce n'est pas tout, écoute:
Tes frères et ton père... écoute sans pleurer:
Les Turcs ont tué ton père... Et tes frères chéris
Ont été enfermés
Dans d'affreuses prisons.
Tous les deux ont pourri sous les plus noirs supplices.
Qu'importe puisque toi tu restes bien en vie.
Un jour, tu seras père.
Dieu miséricordieux
Se doit de t'accorder une progéniture.
Mais tu pleures, tu pleures! Allons donc, courage!
Les larmes sont aux femmes,
Aux femmes et aux pauvres!
Regarde-toi, tu n'es ni affamé, ni faible.
Tu n'as qu'à dire: "Dieu ait pitié de leurs âmes."
Fais des cadeaux aux popes,
Invite les notables
Reste semblable à toi, tu l'as toujours été.
Prends une femme bien plus belle que les autres
Ou la plus riche laide,
Fais-tu un tas d'enfants,
Aimes-les, nourris-les de la sueur des pauvres.
Ainsi, rentré de loin, l'imbécile s'efforce
De vivre plaisamment,
Sans jamais s'inquiéter
De savoir ce qu'il est: un homme ou un brute.
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