Les Haïdouks
Allons, grand-père, prends ta flûte
Que j'entonne un chant héroique,
Le vrai chant des haidouks
Glorifiant les vieux voivodes,
Tchavdar le vieux voivode,
Le redoutable haidouk,
Fils de Petko-le-Terrible.
Que les filles et les gars
Assemblés à la veillée,
Que les rebelles dans les bois,
Que l'homme mûr dans la taverne
Entendent au long de mon chant
Quels enfant a donné au monde,
Et quels enfants donne encore
La courageuse Bulgare.
Que chacun sache quels fiers gars
A nourri et nourrit encore
Notre terre bonne et superbe.
Ah! grand-père, moi, je suis las
De n'écouter que des chants d'amour
Et, seul, de chanter les souffrances
Des misérables et mes peines
Amères et mes noirs tourments!
Je suis vraiment triste, grand-père,
Mais joue ton air, va, ne crains rien,
Car mon cœur est celui d'un brave.
Ma voix douce comme le miel
Vaut les voix du Zagorié
Et si personne ne m'entend
Mon chant quand même s'étendra
Par les forêts, par les vallons,
Et les forêts le reprendront,
Les vallons le répéteront
Et la douleur s'évanouira,
La douleur de mon cœur, grand-père!
De celui qui veut supporter
son sort, j'irai jusqu'à le plaindre.
Le brave n'admets pas le joug,
Et j'ai dit et je dis encore:
"Heureux celui qui sait venger
La liberté, l'honneur blessés.
Il faut aux bons faire le bien,
Mais trancher la tête aux méchants."
Maintenant j'entonne mon chant:
Qui ne connaît Tchavdar le voivode?
Qui n'a rien entendu de lui?
Est-ce le tchorbadji rapace,
Le serdar turc ou bien le pâtre
Solitaire dans la montagne?
Ou bien les pauvres affamés?
Tchavdar mena sa droujina
Pendant vingt ans exactements.
C'était un terrible haidouk
Pour le Turcs et les tchorbadjis.
Mais Tchavdar couvrait de son aile
Tout notre peuple, tous les pauvres.
C'est pourquoi l'on chante son chant
Par la montagne du Strandja
Et les herbes du Mont-Pirin.
La douce flûte l'accompagne
D'Istanbul jusqu'en pays serbe.
Et les moissonneuses le suivent
De leurs voix claires comme l'eau,
De la Mer Egée au Danube
Par les plaines de Roumelie...
Enfant unique était Tchavdar,
Unique était Tchavdar parmi les gars
De sa fidèle droujina.
Tout petit il quitta sa mère,
Encore bêta, quitta son père.
Resta sans sœur Thcavdar, sans frère.
Pas un parent, à part un frère
De son père, un affreux avare,
Et une bonne drounjina
D'à peu près huit ou neuf gars!...
A douze ans, pâtre le loua
Sa mère et Tchavdar s'en alla
Dans une maison étrangère
Pour apprendre à manger
Le pain de l'étranger.
Mais Tchavdar n'y resta
qu'autant qu'il y resta:
Un jour - un jour jusqu'à midi,
Qu'est-ce qu'il y gagna:
Un joli cadeau pour sa mère,
Ces paroles vénimeuses,
Accablantes pour sa mère.
"Mère, pourquoi m'as-tu vendu
A l'étranger, comme un souillon,
Pour mener chèvres et moutons,
Pour que me raille tout le monde,
Me demandant, yeux dans les yeux,
Comment, moi, fils du voivode
D'une droujina si nombreuse
Qui terrorise trois provinces,
Qui tient la Stara Planina,
Comment je reste chez mon oncle,
Cet exploitateur de pauvres gens,
Servant de cible à son bâtard
Qui, à toute heure me rebroue,
Disant que je deviens, moi aussi, comme un loup
Et que je ne ferai jamais un honnête homme,
Et que je pourrirai dans l'ombre d'un cachot!
Que ma chair tombera en loques
Empalée sur Kara-Bair!...
Oui, mon oncle est un maudit homme!
Je te le dis mère, un maudit!
Je ne veux plus rester chez lui
A faire rire son bâtard,
A garder ses chèvres galeuses!
Que les pies et les chiens voraces les dévorent!...
Je veux m'en aller vers mon père,
Dans le Balkan, près de mon père
Pour qu'il m'enseigne le metier qui lui plaia..."
La mère se tord de douleur
Et folle, la tête lui tourne.
Sur son cœur tombe une pierre.
Elle fixe dans les yeux
Tchavdar, dans ses grands yeux noirs
Caresse sa tête bouclée
Et, de nouveaux, gémit et pleure.
Tchavdar, anxieux, la regarde
Avec des larmes dans les yeux,
Puis il la presse de questions:
"Pourquoi pleurer, petite mère?
Père a-t-il été capturé
Ou bien, je n'ose y penser, tué.
Et restes-tu petite mère,
A souffrir la soif et la faim?..."
La mère étreignant Tchavdar
L'embrasse sur les paupières:
"Non, mon petit, c'est sur toi
Que je pleure, enfant si beau,
Dessiné comme une image,
Tchavdar, mon enfant unique,
Unique et toujours petit,
Si petit et je t'entends
Me parler si méchamment.
Comment me résignerais-je
Moi, ta mère, à te voir joindre
Ton père, pour devenir
Comme lui un haidouk?
Ton père est venu hier
Pour prendre de tes nouvelles.
Il m'a durement grondée
Pour t'avoir, fils, envoyée
Chez ton oncle et non chez lui
Pour qu'il voie quel bel enfant
Quel brave petit il possède,
Car il pourrait t'envoyer
Au loin fréquenter l'école
A moins... à moins qu'il ne fasse
De mon fils un haidouk
Qui parcourra les montagnes.
Il a cent fois répété
Que dimanche je t'envoie
A son rendez-vous des bois...
Rassure-toi, tu iras,
Tchavdar, ô mon seul enfant.
Tu t'en iras près de lui.
Mai, mon fils, je t'en conjure,
Si tu tiens encore à moi.
Devant lui, pleure et implore
Pour qu'il ne t'enrole pas
Dans les rangs de ses soldats.
Prie-le de t'envoyer loin
Pour étudier dans les livres...
Qu'ils t'envoie à l'étranger,
Tu y gagneras ton pain
Et tu m'écriras des lettres..."
Mais Tchavdar bondit de joie!
Il s'en ira vers son père,
Il verra les haidouks,
Les terribles haidouks
A leur assemblée secrète.
Et la mère désolée
Prit son enfant dans ses bras
Et se remit à pleurer.
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